Silvio Gesell a proposé une manière de rééquilibrer les termes de l’échange, car la nature même de la monnaie telle qu’elle a été utilisée depuis la nuit des temps désavantage toujours le producteur-vendeur par rapport à l’acheteur-financier.
La monnaie franche pour rééquilibrer les termes de l’échange
Après avoir expliqué la nature néfaste de la monnaie traditionnelle, Silvio Gesell propose de rééquilibrer les termes de l’échange. Pour cela, il faut et il suffit que l’acheteur soit aussi pressé d’acheter que le vendeur de vendre. L’analyse de l’activité économique de l’humanité depuis l’antiquité montre, selon Silvio Gesell, que la composante de l’intérêt résultant du déséquilibre des termes de l’échange s’élève à environ 5% par an.
Car l’intérêt comprend potentiellement plusieurs composantes :
- la couverture du risque client lors d’un emprunt
- la rémunération de la gestion de compte bancaire
- la compensation de la hausse des prix
- le sur-intérêt résultant de la position de force de l’acheteur
Les trois premières composantes de l’intérêt correspondent à la rémunération d’un service à la population, et sont par conséquent tout à fait légitimes.
Par contre la quatrième composante n’est qu’une sorte de rançon que l’acheteur impose au vendeur pour accepter de mettre son argent en circulation.
En définitive, la nature même de la monnaie, telle qu’elle est conçue dès son avènement, transforme l’activité économique humaine en une économie de rançons, car chacun, dès lors qu’il est acheteur, impose au vendeur une rançon de 5% environ du prix d’achat pour consentir à acheter son produit. Exactement comme le chevalier du moyen âge, embusqué sur un chemin, demande arbitrairement un droit de passage aux voyageurs.
Aussi, pour rétablir l’équilibre entre les acheteurs et les vendeurs, Silvio Gesell propose d’imposer aux détenteurs de monnaie un droit de garde de 5% l’an, de telle manière que l’acheteur n’ait plus d’avantage sur le vendeur.
Ce droit de garde agit donc comme un intérêt négatif. Il donne naissance ainsi à la “monnaie franche”, car cette monnaie-là est “affranchie” de l’intérêt de rançon.
Avec la monnaie franche, la vitesse de circulation de l’argent augmente, car les acheteurs ne sont plus enclins à attendre que les prix du vendeur baissent pour acheter. La vitesse de circulation de la monnaie devient alors la vitesse optimale autorisée par le niveau technologique de la production et du commerce.
Le droit de garde de la monnaie franche transforme l’argent en un produit périssable, comme tout autre produit physique. La monnaie franche favorise donc l’économie physique par rapport à la spéculation. L’institution d’un droit de garde interdit aussi à la monnaie franche de constituer une valeur de réserve, en la restreignant au rôle spécifique de valeur d’échange.
L’élimination de l’intérêt de rançon grâce au droit de garde de la monnaie franche permet de corriger, comme nous le verrons dans les prochains article, la plupart des grands dysfonctionnements de notre système monétaire et financier actuel.
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- Voir l’article précédent : Silvio Gesell – Origine de la monnaie franche
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